Notes de conférence de presse Haut-Commissariat aux droits de l’homme
Conférence de presse sur la Colombie
01 novembre 2019
Porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme : Marta Hurtado
Lieu : Genève
Date : 1er novembre 2019
Sujet : Colombie : meurtres visant les peuples autochtones au nord du Cauca
Colombie : Meurtres visant les peuples autochtones au nord du Cauca
Nous avons signé en début de semaine un accord avec le pays hôte qui nous permettra de continuer à travailler en Colombie conformément à notre mandat complet – notamment en matière de coopération technique, de suivi et de communication sur la situation des droits de l'homme – pour une période supplémentaire de trois ans. Au cours des 22 dernières années, notre bureau en Colombie a travaillé très étroitement avec le Gouvernement et divers acteurs, y compris la société civile, sur la protection et la promotion des droits de l'homme, ainsi que pour soutenir la mise en œuvre de l'Accord de paix signé entre le Gouvernement et les FARC.
L'un des principaux objectifs de notre bureau en Colombie concerne les droits individuels et collectifs des peuples autochtones, notamment leurs droits à l'autodétermination et leurs droits fonciers. Les défenseurs des droits des peuples autochtones font depuis longtemps l'objet de harcèlement et d'attaques violentes en raison de leur engagement.
Le mardi 29 octobre, cinq membres de la communauté nasa ont été tués par balle et six autres grièvement blessés alors qu'ils tentaient d'empêcher des groupes criminels d'entrer sur leur territoire. Cristina Bautista, de l'autorité traditionnelle des Nasa (ou Neehwesx), faisait partie des victimes. Cette défenseuse des droits des peuples autochtones colombiens avait bénéficié du programme de bourse pour les autochtones du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme en 2017 et s'était vu offrir une subvention du Fonds de contributions volontaires des Nations Unies pour les peuples autochtones en 2019. C'était une femme passionnée et profondément dévouée à sa cause.
Le massacre a eu lieu à Tacueyó dans le nord du Cauca, un département situé au sud-ouest du pays – une région de plus en plus touchée par la violence, principalement aux mains des groupes criminels à l'encontre des peuples autochtones qui tentent de les empêcher d'entrer et de sévir sur leurs territoires ancestraux.
Jusqu'à présent cette année, notre bureau en Colombie a recensé 52 assassinats dans le territoire de la communauté nasa au nord du Cauca. Parmi ces 52 personnes, 11 étaient des défenseurs des droits de l'homme. Plusieurs membres de la communauté nasa ont par ailleurs reçu 74 menaces de mort et 9 personnes ont été agressées physiquement. Notre bureau en Colombie a recensé au total 106 assassinats de défenseurs des droits de l'homme jusqu'à présent en 2019.
La communauté nasa a prévenu à maintes reprises les autorités au sujet des menaces qui pèsent sur leur sécurité. Malgré les efforts déployés par les Gouvernements colombiens successifs, les peuples autochtones continuent de faire face à d'importants risques, surtout les dirigeants communautaires ou religieux comme Cristina Bautista.
Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme souligne une fois de plus le besoin urgent d'offrir une protection efficace et d'adopter des mesures préventives pour les peuples autochtones dans tout le pays, et particulièrement au nord du Cauca, conformément à leur droit à la terre et leur droit à l'autodétermination, tel que reconnu par la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones de 2007.
Nous demandons aux autorités de lancer une enquête rapide, approfondie, indépendante et impartiale sur les 29 meurtres commis en octobre dans le nord du Cauca, y compris concernant d'éventuels manquements de la part des autorités ayant permis le massacre de se produire. Nous exhortons également les autorités à briser le cycle de l'impunité concernant les menaces, le harcèlement et les assassinats ciblant les populations autochtones. Nous exhortons le Gouvernement à répondre à cette situation dramatique de manière globale et consultative, et non pas simplement par le renforcement de la présence militaire.
Nous rappelons au Gouvernement que toute mesure de protection ou de prévention affectant les peuples autochtones devrait être convenue avec leurs propres autorités, en pleine conformité avec leurs traditions et pratiques coutumières, autonomie et compétence.
FIN
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