Membres du personnel de l’ONU, dont huit collègues du HCDH, détenus au Yémen
Le HCDH appelle à leur libération immédiate
Date
Le Forum social 2020 s’est tenu les 8 et 9 octobre dans la Salle XX du Palais des Nations, à Genève.
Conformément à la résolution 41/24 du Conseil des droits de l’homme, le Forum a porté sur « les bonnes pratiques, les exemples de réussite, les enseignements tirés et les difficultés rencontrées actuellement en matière de lutte contre la pauvreté et les inégalités ».
Le Forum social 2020 a réuni des parties prenantes opérant à tous les niveaux afin d’identifier les obligations et les responsabilités en matière de droits de l’homme de tous les acteurs, qu’ils soient étatiques ou non, tout au long de la chaîne conduisant à la pauvreté.
Le Forum social 2020 a été organisé alors que le monde connaît le pire ralentissement économique depuis la Grande Dépression en raison de la pandémie de COVID-19. Dans tous les pays, les personnes à faible revenu et celles en situation de pauvreté sont les premières victimes : les travailleurs du secteur informel ou qui occupent un emploi précaire (respectivement 1,6 et 0,4 milliard de travailleurs dans le monde), qui n’ont pas ou peu accès à la protection sociale, sont particulièrement exposés. Face à la crise, les chiffres liés à l’extrême pauvreté devraient augmenter de manière significative : en utilisant une base de référence de 3,20 USD par jour en parité de pouvoir d’achat, on estime que 176 millions de personnes supplémentaires pourraient tomber dans l’extrême pauvreté.
Le Forum a également été organisé dans le contexte d’une période de protestations mondiales contre le racisme, la discrimination raciale, les inégalités et les injustices structurelles et systémiques ainsi que les changements climatiques et d’autres problèmes majeurs. Les changements climatiques, la discrimination raciale et d’autres problèmes persistants risquent d’aggraver la pauvreté et les inégalités, tant au sein des pays qu’entre ces derniers.
Si les multiples obstacles qui se posent sont à la fois profonds et sans précédent, la crise offre également l’occasion d’étendre et de renforcer les socles de protection sociale et de garantir des salaires décents à tous les travailleurs, afin de soutenir la reprise économique et de construire des sociétés plus résilientes à l’avenir. Pour éliminer la pauvreté, il est toutefois nécessaire de prendre des mesures à différents niveaux. Au niveau international, le commerce et l’investissement, l’allègement et la restructuration de la dette extérieure et l’aide publique au développement devraient rendre possible et soutenir les efforts déployés au niveau national pour réduire efficacement la pauvreté. Au niveau national, les gouvernements devraient être chargés d’adopter des régimes fiscaux progressifs pour mobiliser les ressources nationales et des budgets publics qui donnent la priorité à la protection sociale, ainsi qu’à d’autres formes d’investissement social (dans l’éducation, la santé et le logement en particulier). Ils devraient veiller à ce que les régimes de protection sociale et les services publics parviennent réellement aux personnes en situation de pauvreté. Pour ce faire, il faut éliminer divers obstacles entravant l’accès à ces services, notamment la corruption, la discrimination, l’absence de recours et d’autres facteurs conduisant ceux qui ont le plus besoin de soutien à ne pas exercer leurs droits.
Enfin, les gouvernements nationaux devraient s’attaquer aux facteurs qui perpétuent la pauvreté et conduisent à la transmission intergénérationnelle de la pauvreté, notamment la maltraitance institutionnelle et sociale, la discrimination fondée sur la situation socioéconomique, la perte d’autonomie des personnes en situation de pauvreté, la mauvaise nutrition et l’accès limité à l’éducation.
La particularité du Forum social 2020 réside dans l’espace qu’il crée pour permettre aux participants d’examiner et de converger vers une matrice de la pauvreté* : ce dispositif complexe mais unifié examine l’interdépendance des différentes causes de la pauvreté, allant des causes au niveau local aux causes à grande échelle et internationales ancrées dans les communautés et les ménages, en passant par les causes au niveau intermédiaire issues des politiques gouvernementales, notamment en matière fiscale et budgétaire.
Cette approche devrait permettre à tous les acteurs de prendre conscience de leur rôle dans la lutte contre la pauvreté. Elle devrait permettre d’améliorer la responsabilité, en veillant à ce qu’aucun acteur ne se soustraie à ses obligations et responsabilités en pointant simplement du doigt d’autres facteurs qui contribuent également à la perpétuation de la pauvreté. Elle devrait aider à identifier les réactions en chaîne où la pauvreté engendre la pauvreté, que les Principes directeurs sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme, adoptés par consensus par le Conseil des droits de l’homme le 27 septembre 2012 dans la résolution 21/11 qualifient de « cercle vicieux d’impuissance, de stigmatisation, de discrimination, d’exclusion et de privation matérielle [vécu par les personnes en situation de pauvreté], qui tous agissent en synergie » (paragraphe 4).