Notes de conférence de presse Haut-Commissariat aux droits de l’homme
Notes sur la visite à Gaza
29 novembre 2024
A partir de
Jeremy Laurence, porte-parole du HCDH, rejoint par Ajith Sunghay, Chef du bureau du HCDH pour le Territoire palestinien occupé
Lieu
Genève / Amman
Chaque fois que je me rends à Gaza, je constate que le niveau de destruction ne cesse de s’aggraver. Cette fois-ci, j’ai été particulièrement alarmé par la prévalence de la faim. Après 13 mois de violence incessante, le risque de décès en raison de la famine, des maladies et des bombardements est bien réel. Les marchés locaux sont désormais inexistants. L’ONU n’a pas été en mesure d’acheminer de l’aide humanitaire dans le nord de la bande de Gaza, où quelque 70 000 personnes se trouveraient encore, en raison des difficultés rencontrées ou des refus répétés des convois humanitaires de la part des autorités israéliennes.
L’accès aux produits de première nécessité est devenu une lutte quotidienne et effroyable pour la survie. J’ai vu des dizaines de femmes et d’enfants faire les poubelles dans des décharges. Il est évident qu’une aide humanitaire massive doit être apportée, mais ce n’est pas le cas. Il est essentiel que les autorités israéliennes rendent cela possible.
L’effondrement de l’ordre public et de la sécurité exacerbe la situation en provoquant des pillages endémiques et des combats pour des ressources limitées. Les prix des quelques produits de base encore disponibles ayant grimpé en flèche, certaines personnes ont été tuées par des hommes armés inconnus alors qu’elles tentaient d’acheter de simples produits de subsistance tels que du pain. Ce ne sont pas des incidents isolés. L’anarchie à Gaza que nous avions annoncée il y a plusieurs mois est là. Elle était tout à fait prévisible. Et tout comme les morts et les destructions que j’ai vues lors de mes précédents voyages à Gaza, elle était tout à fait évitable.
Le peuple palestinien est en colère, frustré, déçu et souffre à un point tel qu’il faut le voir pour le comprendre. Plusieurs jeunes hommes et femmes m’ont fait part de leur désespoir et de leur volonté de quitter la bande de Gaza, où ils sont privés de toute sécurité et de tout espoir. Face à la destruction de tous les aspects de leur communauté, notamment le système éducatif, le système de gouvernance, les lieux de culte, leurs réseaux de soutien locaux, ils n’y voient aucun avenir.
Les jeunes femmes, dont beaucoup ont été déplacées à plusieurs reprises, ont souligné l’absence d’endroits sûrs et privés dans les tentes de fortune et les logements qu’elles ont été forcées d’occuper. Une jeune m’a dit qu’elle se sentait comme une « mendiante » et qu’elle avait perdu toute confiance en elle. D’autres ont déclaré que les cas de viol et de violence fondée sur le genre, de maltraitance des enfants et d’autres types de violence au sein de la communauté ont augmenté dans les centres d’hébergement en raison de la guerre et de l’effondrement de l’application des lois et de l’ordre public. Les besoins en matière de protection sont énormes, mais la réponse reste nettement à la traîne.
Pourtant, le cœur de la communauté bat fort. Des gens se mobilisent pour apporter de l’aide. Nous formons de jeunes « intervenants chargés de la protection » et travaillons avec eux. L’un d’entre eux m’a dit : « J’ai tout perdu, y compris des membres de ma famille, ma maison et tout ce que je possédais, mais je continue d’aider ceux qui en ont besoin. »
Avec l’arrivée de l’hiver et de la pluie, le besoin d’abris et de vêtements d’hiver se fait encore plus pressant. Les conditions de vie dans la ville de Gaza sont épouvantables. Des milliers de personnes récemment déplacées, principalement originaires de Jabaliya, Beit Lahiya et Beit Hanoun, sont hébergées dans des bâtiments partiellement détruits ou dans des camps de fortune dans des conditions inhumaines et font face à de graves pénuries de nourriture et des conditions sanitaires déplorables. Les femmes que j’ai rencontrées avaient toutes perdu des proches, avaient été séparées de leur famille, avaient des proches enterrés sous les décombres ou étaient elles-mêmes blessées ou malades.
Elles se sont effondrées devant moi, plaidant désespérément pour un cessez-le-feu.
J’ai rencontré des pêcheurs à Khan Younès. Plus de 4 000 pêcheurs et 14 000 autres personnes dépendent de cette industrie. Depuis le début de la guerre, des chalutiers, des filets et d’autres équipements ont été détruits et au moins 67 pêcheurs* ont été tués par l’armée israélienne. Malgré cela, par désespoir, certains d’entre eux prennent la mer au risque de se faire tirer dessus par la marine israélienne.
Ces luttes quotidiennes pour la survie touchent les habitants de Gaza alors que les bombardements se poursuivent sans relâche dans la bande de Gaza. Les zones situées autour de la ville de Gaza ont subi des bombardements incessants et intensifs de la part de l’armée israélienne. Les déplacements forcés du nord vers le centre et le sud de la bande de Gaza se poursuivent. Dans le même temps, les bombardements et les tirs d’artillerie continuent.
Toutes les personnes que j’ai rencontrées ont supplié que cela se termine. D’en finir avec tout cela. Ça suffit. Je vous en conjure.
* Selon d’autres sources, 80 pêcheurs auraient été tués.
Consulter la vidéo d’Ajith Sunghay, Chef du bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme pour le Territoire palestinien occupé, sur sa visite à Gaza
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