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Éthiopie : le Haut-Commissaire appelle à des efforts soutenus pour mettre fin aux violations des droits humains
14 juin 2024
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GENÈVE (le 14 juin 2024) – Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a appelé aujourd’hui à la mise en place de mesures concrètes pour mettre fin aux violations des droits humains et aux atteintes à ces derniers, qui continuent de mettre en péril la réconciliation et la paix en Éthiopie.
« J’exhorte les parties au conflit à cesser les hostilités en cours et à résoudre les différends par des moyens pacifiques. Il est essentiel que les autorités prennent toutes les mesures possibles pour protéger les civils, empêcher de nouvelles violations et veiller à ce que des enquêtes approfondies soient menées pour traduire les responsables en justice », a déclaré M. Türk.
Cet appel du Haut-Commissaire a été lancé alors que le HCDH a publié un compte rendu de la situation des droits humains en Éthiopie entre janvier 2023 et janvier 2024.
Le compte rendu indique que de violents conflits, en particulier dans les régions Amhara et Oromia, ont donné lieu à de graves violations des droits humains et atteintes à ces derniers en 2023. Dans le nord de la région du Tigré, la situation des droits humains s’est considérablement améliorée à la suite de l’accord de cessation des hostilités de novembre 2022, mais des inquiétudes persistent quant aux violations commises par des membres des Forces de défense érythréennes.
En 2023, au moins 1 351 civils ont été tués en Éthiopie lors d’attaques qui auraient été menées par les forces gouvernementales, les troupes érythréennes, les milices antigouvernementales et des acteurs inconnus. Parmi les civils tués, 740 se trouvaient dans la région Amhara.
L’utilisation de drones par les forces gouvernementales a entraîné la mort de 248 civils entre le 4 août et le 31 décembre 2023, et a détruit des infrastructures vitales, notamment des établissements scolaires et des hôpitaux, ce qui suscite des inquiétudes quant au degré de conformité de ces frappes avec le droit international.
Le compte rendu fait également état d’une attaque survenue le 29 janvier 2024, au cours de laquelle au moins 89 civils ont été tués, vraisemblablement par les troupes gouvernementales, dans la ville de Merawi, près de Bahir Dar, la capitale régionale de la région Amhara.
Dans l’ensemble, ce compte rendu recense 594 incidents de violations des droits humains et d’atteintes à ces droits affectant 8 253 victimes, soit une augmentation de 56 % par rapport à 2022. Selon ce document, les acteurs étatiques seraient responsables d’environ 70 % des violations, contre 22 % pour les acteurs non étatiques.
Les insurgés de Fano et leurs alliés ont tué au moins 52 civils et détruit des biens civils, attaqué le personnel médical et détruit des ambulances, lors de violences visant le personnel gouvernemental.
L’état d’urgence, qui a été déclaré le 4 août 2023 et a expiré le 3 juin 2024, a entraîné des actions des forces de sécurité contraires aux obligations internationales de l’Éthiopie en matière de droits humains.
Le Haut-Commissaire se félicite que les autorités n’aient pas prolongé l’état d’urgence.
« J’exhorte les autorités à libérer immédiatement les personnes détenues dans le cadre de l’ancien état d’urgence, si elles ne sont pas inculpées en vertu d’une loi en vigueur et jugées rapidement et équitablement. Celles qui n’ont pas été inculpées devraient également être libérées immédiatement », a-t-il déclaré.
« J’appelle également les autorités à lever les restrictions de circulation et à reprendre les opérations régulières de maintien de l’ordre pour protéger la population.
Le compte rendu reconnaît les efforts du Gouvernement éthiopien pour promouvoir la justice transitionnelle et prévenir la violence à l’égard des femmes et des enfants, ainsi que son ouverture au dialogue pour résoudre les conflits dans la région Amhara.
Comme le souligne ce document, ces mesures progressives nécessitent un engagement soutenu.
Il décrit les progrès réalisés dans les domaines sociaux et économiques, notamment l’accès à la santé et à l’éducation, avec des programmes tels que le cadre national de la politique d’alimentation scolaire et la mise en œuvre d’un plan décennal pour les besoins spéciaux et l’éducation inclusive.
Selon le rapport, des efforts ciblés et le déploiement de ressources suffisantes sont nécessaires pour garantir la pleine jouissance des droits économiques, sociaux et culturels, y compris pour les personnes vivant dans les zones touchées par les conflits.
Il prend également acte des engagements pris par le Gouvernement en faveur de la paix, de la justice et de l’établissement des responsabilités, dans le cadre de la manifestation de haut niveau organisée à Genève en décembre pour marquer le 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, et invite le Gouvernement à donner la priorité à la mise en œuvre de ces engagements.