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Gaza : le meurtre de Hind Rajab et de sa famille est un crime de guerre de trop, alertent les experts

19 juillet 2024

GENÈVE  – Les meurtres de Hind Rajab, âgée de 5 ans, de sa famille et de deux membres du personnel paramédical, peuvent être assimilés à un crime de guerre, ont alerté aujourd’hui des experts indépendants, qualifiant d’« inacceptables » les allégations d’Israël selon lesquelles ses troupes n’étaient pas dans les environs au moment des faits.

Les experts ont exhorté à l’arrêt immédiat des attaques contre la population civile de Gaza qui ont déjà tué plus de 38 000 Palestiniens, dont 13 000 enfants, avertissant que la nature systémique de ces attaques pouvait constituer un crime contre l’humanité.

« L’absence d’enquête et d’établissement des responsabilités, plus de cinq mois après le meurtre tragique de Hind et de six autres membres de sa famille pris au piège dans une voiture qui a essuyé des tirs israéliens à Gaza, est profondément troublante et peut elle-même constituer une violation du droit à la vie », ont déclaré les experts.

Deux membres du personnel médical du Croissant-Rouge palestinien ont également été tués lorsque leur ambulance a été la cible de tirs israéliens alors qu’ils tentaient de sauver Hind et sa famille. Les enregistrements audio des appels entre Hind et les services d’urgence suggèrent qu’elle était la seule survivante dans la voiture avant d’être tuée à son tour.

L’analyse médico-légale récente de la scène du crime fournit des preuves irréfutables de l’emplacement de la voiture de la famille, bloquée dans la ligne de mire d’un char israélien, et de la façon dont elle a été visée à très courte distance à l’aide d’un type d’arme qui ne peut être attribué qu’aux forces israéliennes.

« La brutalité de ces meurtres semble illustrer l’inconscience de l’armée dans sa campagne à Gaza : tous les cas d’exécutions extrajudiciaires doivent faire l’objet d’une enquête en bonne et due forme et doivent être justifiés », ont indiqué les experts.

« La famille de Hind, comme beaucoup d’autres à Gaza, avait été déplacée de force à plusieurs reprises depuis les opérations militaires d’Israël dans la bande », ont-ils ajouté. « Ils ont été abattus alors qu’ils fuyaient le quartier de Tal Al-Hawa pour se mettre en sécurité, dans ce qui semble s’inscrire dans un schéma plus large d’assassinats aveugles de civils tentant de trouver un abri et d’échapper aux combats à Gaza sur ordre d’"évacuation" de l’armée israélienne. »

« Ces meurtres ne sont pas des cas isolés », ont affirmé les experts. « Nous sommes extrêmement préoccupés par les attaques aveugles et ciblées contre des civils à Gaza, y compris dans des lieux utilisés pour l’aide humanitaire ou pour abriter des personnes déplacées », ont-ils déclaré. « Les tirs de projectiles de gros calibre sur une zone humanitaire près d’un bureau du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Gaza, qui ont tué 22 civils déplacés, et plus récemment les attaques contre des tentes de personnes déplacées dans la zone d’Al-Mawasi, contre le camp de réfugiés d’Ash Shati et contre l’école Abu Oreiban gérée par l’UNRWA et abritant des personnes déplacées, entre autres, qui ont tué près de 320 Palestiniens, dont la moitié étaient des femmes et des enfants, ont renforcé le fait qu’il n’existe pas de lieu sûr à Gaza », ont fait valoir les experts. « Ces attaques constituent de graves violations du droit international humanitaire, doivent faire l’objet d’une enquête rapide et fiable et doivent être sévèrement punies.

« L’assassinat délibéré ou aveugle de personnes protégées, notamment de civils, de personnel médical et de travailleurs humanitaires, constitue un crime de guerre et, s’il est systématique, un crime contre l’humanité, et doit être évité à tout prix », ont averti les experts. « Nous restons profondément troublés par l’impunité totale et l’absence apparente d’enquêtes et de prévention de ces crimes. Cette situation est d’autant plus préoccupante que la Cour internationale de Justice a récemment ordonné à Israël de prendre des mesures immédiates pour protéger la population de Gaza contre le risque de génocide », ont insisté les experts.

« Le Gouvernement d’Israël et ses forces armées doivent prendre des mesures immédiates pour protéger le droit à la vie de toutes les personnes protégées à Gaza, y compris les femmes et les enfants », ont-ils dit.

Ils ont demandé au Gouvernement israélien d’autoriser l’accès à Gaza aux experts indépendants, notamment aux organismes internationaux de surveillance des droits humains, afin de garantir que toutes les violations du droit international commises depuis le début de l’opération militaire israélienne à Gaza fassent l’objet d’une enquête crédible. Les experts ont réitéré leur offre d’assistance technique.

Renouvelant les appels à un arrêt immédiat de l’effusion de sang et des graves violations du droit international humanitaire et du droit international des droits humains, dont la libération inconditionnelle de tous les otages, les experts ont exhorté la communauté internationale à veiller à ce que les responsables répondent de leurs actes et à ce que la population de Gaza bénéficie d’une protection et d’une aide d’urgence.

*Les experts : Morris Tidball-Binz, Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires ; Ben Saul, Rapporteur spécial sur la promotion et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste ; Dorothy Estrada Tanck (Présidente), Laura Nyirinkindi (Vice-Présidente), Claudia Flores, Ivana Krstić et Haina Lu, Groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles ; Paula Gaviria Betancur, Rapporteuse spéciale sur les droits humains des personnes déplacées dans leur propre pays ; Reem Alsalem, Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes et les filles, ses causes et ses conséquences

Les Rapporteurs spéciaux, les Experts indépendants et les Groupes de travail relèvent de ce qu’on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Le terme « procédures spéciales », qui désigne le plus grand corps d’experts indépendants au sein du système onusien des droits de l’homme, est généralement attribué aux mécanismes indépendants d’enquête et de supervision mis en place par le Conseil des droits de l’homme afin de traiter de la situation spécifique d’un pays ou de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent bénévolement ; ils n’appartiennent pas au personnel de l’ONU et ne perçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou de toute organisation et exercent leurs fonctions à titre individuel.

Page du HCDH consacrée à Israël

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