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Communiqués de presse Procédures spéciales

Une tragédie au cœur de la tragédie : des experts de l’ONU s’alarment des conditions désastreuses dans lesquelles vivent les Palestiniens handicapés pris au piège à Gaza

25 octobre 2024

GENÈVE – Un an après l’assaut militaire impitoyable d’Israël à Gaza, plusieurs experts des Nations Unies ont averti aujourd’hui que les Palestiniens handicapés sont confrontés à des risques insupportables en matière de protection, y compris à des décès et des blessures inéluctables, dans le cadre des attaques aveugles commises par les forces d’occupation israéliennes qui ont détruit des infrastructures essentielles et anéanti la possibilité de toute aide humanitaire.

« C’est une tragédie au cœur de la tragédie qui se déroule actuellement à Gaza, où la campagne génocidaire d’Israël a laissé les personnes handicapées sans aucune protection. Les personnes handicapées sont tuées et blessées lors d’attaques aveugles alors qu’elles ne représentent aucune menace pour la sécurité, ce qui montre bien l’assaut délibéré d’Israël contre les civils », ont-ils déclaré.

Les experts ont en outre noté que les multiples ordres d’évacuation ne tenaient absolument pas compte des personnes handicapées, qui ont souvent beaucoup de difficultés à suivre ou à comprendre les instructions. « Elles se sont retrouvées dans une situation impossible, les poussant soit à quitter leur domicile et les équipements d’assistance dont elles ont besoin pour survivre, soit à rester sur place sans famille ni aidants et à courir le risque accru d’être tuées », ont-ils indiqué. « Lors des tentatives d’évacuation, les femmes et les filles handicapées sont particulièrement exposées à des risques et à des traumatismes supplémentaires. »

Selon les experts, il n’existe pas de lieu sûr pour les plus de 1,9 million de civils déplacés de force à Gaza, mais les abris surpeuplés qui font régulièrement l’objet d’attaques aveugles sont particulièrement dangereux et inaccessibles pour les Palestiniens handicapés déplacés. Ces derniers souffrent d’un manque d’hygiène et d’installations sanitaires adéquates, d’eau potable, de nourriture et d’autres objets essentiels à leur vie. Les obstacles physiques et en matière d’information et de communication rendent pratiquement impossible l’accès des personnes handicapées à l’aide humanitaire extrêmement limitée, les femmes et les filles handicapées étant confrontées à des difficultés supplémentaires qui les isolent encore davantage, ont averti les experts.

« Malgré un système de santé décimé et à l’impossibilité d’accéder à des fournitures médicales à Gaza, les autorités israéliennes ont refusé de mettre en place un système d’évacuation médicale et d’autoriser une aide vitale, afin que des milliers de personnes handicapées, en particulier des enfants, puissent obtenir l’assistance dont elles ont désespérément besoin. Les personnes handicapées ont besoin de fournitures médicales spécialisées », ont-ils mis en garde.

Les experts ont également alerté sur le fait que les personnes handicapées, notamment les enfants, les femmes, les filles et les personnes âgées, sont confrontées à des dommages psychologiques et à des traumatismes extrêmes, et que les Palestiniens souffrant de handicaps intellectuels et psychosociaux se trouvent également dans des situations extrêmement vulnérables.

« Une grande partie des 100 000 blessés palestiniens à Gaza souffriront de déficiences durables nécessitant une rééducation, des équipements d’assistance, un soutien psychosocial et d’autres services qui font cruellement défaut », ont-ils déploré. « Les répercussions ne se limitent pas aux blessures physiques, mais se traduisent par de graves traumatismes émotionnels et psychologiques et des effets plus larges sur le tissu social et les besoins des familles et des communautés, en particulier sur les femmes, qui assument souvent davantage de responsabilités envers les personnes à charge. »

En ce qui concerne l’escalade de la violence des colons israéliens illégaux et des forces israéliennes, la destruction massive des logements et des routes et les restrictions de la circulation en Cisjordanie et à Jérusalem, les experts ont averti que les Palestiniens handicapés dans ces territoires occupés ne peuvent pas accéder aux services de santé, de réadaptation et aux autres services essentiels.

« Au cours de l’année écoulée, Israël a manqué aux obligations qui lui incombent en vertu du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme, dont la Convention relative aux droits des personnes handicapées, de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la protection et la sûreté des personnes handicapées dans les situations de risque, y compris les conflits armés », ont-ils énoncé.

Les experts ont appelé les parties au conflit à accepter immédiatement un cessez-le-feu. Ils ont également rappelé l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) de juillet 2024, selon lequel la présence continue d’Israël dans le territoire palestinien occupé est illégale et équivaut à une ségrégation raciale et à un apartheid.

« Israël doit se conformer à ses obligations internationales et aux mesures conservatoires ordonnées par la CIJ concernant son comportement à Gaza, qui visent à prévenir de nouveaux actes de génocide », ont déclaré les experts. « Israël doit également coopérer pleinement et efficacement aux enquêtes internationales et préserver les éléments de preuve, en particulier en ce qui concerne les violations des droits des personnes handicapées. »

Les experts ont déjà fait part de ces préoccupations au Gouvernement israélien.

Les experts : Heba Hagrass, Rapporteuse spéciale sur les droits des personnes handicapées ; Francesca Albanese, Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967 ; Paula Gaviria Betancur, Rapporteuse spéciale sur les droits humains des personnes déplacées dans leur propre pays ; Michael Fakhri, Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation ; Pedro Arrojo-Agudo, Rapporteur spécial sur les droits de l’homme à l’eau potable et à l’assainissement ; Balakrishnan Rajagopal, Rapporteur spécial sur le droit à un logement convenable ; Reem Alsalem, Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes et les filles, ses causes et ses conséquences ; Tlaleng Mofokeng, Rapporteuse spéciale sur le droit qu’a toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible ; Laura Nyirinkindi (Présidente), Claudia Flores (Vice-Présidente), Dorothy Estrada Tanck, Ivana Krstić et Haina Lu, Groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles ; Farida Shaheed, Rapporteuse spéciale sur le droit à l’éducation.

Les Rapporteurs spéciaux relèvent de ce qu’on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Le terme « procédures spéciales », qui désigne le plus grand corps d’experts indépendants au sein du système onusien des droits de l’homme, est généralement attribué aux mécanismes indépendants d’enquête et de supervision mis en place par le Conseil des droits de l’homme afin de traiter de la situation spécifique d’un pays ou de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent bénévolement ; ils n’appartiennent pas au personnel de l’ONU et ne perçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou de toute organisation et exercent leurs fonctions à titre individuel.

Pour plus d’informations et pour toute demande de la part des médias, veuillez contacter [email protected].

Pour toute requête des médias relative à d’autres experts indépendants des Nations Unies, veuillez contacter Dharisha Indraguptha ([email protected]) ou John Newland ([email protected]).

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