Communiqués de presse Haut-Commissariat aux droits de l’homme
Soudan : un rapport de l’ONU décrit l’inquiétude face au siège d’El-Fasher et appelle à la fin des hostilités
20 décembre 2024
GENÈVE – Selon un rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), le siège et les hostilités en cours à El-Fasher, capitale de l’État du Darfour septentrional au Soudan, ont fait au moins 782 morts et plus de 1 143 blessés parmi les civils. Des milliers de civils sont assiégés, sans garantie de pouvoir quitter la ville en toute sécurité, et risquent d’être tués ou blessés par des attaques aveugles lancées par toutes les parties au conflit.
« La poursuite du siège d’El-Fasher et les combats incessants détruisent chaque jour de nombreuses vies », a déclaré Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.
« Cette situation alarmante ne peut plus durer. Les Forces d’appui rapide doivent mettre fin à cet horrible siège. J’exhorte aussi toutes les parties au conflit à cesser les attaques contre les civils et les biens de caractère civil. Je leur demande de respecter leurs obligations et leurs engagements en vertu du droit international. »
Depuis le début du siège il y a sept mois, El-Fasher est un champ de bataille entre les Forces d’appui rapide et les Forces armées soudanaises, soutenues par ses forces conjointes alliées (composées du Mouvement de libération du Soudan-faction Minni Minawi, du Mouvement pour la justice et l’égalité-Jibril Ibrahim, et d’autres groupes armés plus petits). Le rapport indique que l’utilisation d’armes explosives dans des zones peuplées par chacune des parties soulève de sérieuses inquiétudes quant au respect du principe de précaution et de l’interdiction des attaques sans discernement.
Ce rapport, qui s’appuie sur des entretiens menés en octobre et novembre avec 52 personnes qui ont réussi à fuir El-Fasher, et corroboré par de multiples sources indépendantes, montre que des bombardements réguliers et intenses ont été effectués par les Forces d’appui rapide sur des zones résidentielles densément peuplées, des frappes aériennes récurrentes ont été menées par les Forces armées soudanaises, et des tirs d’artillerie ont été lancés par les Forces armées soudanaises et ses forces conjointes alliées. Il alerte sur le fait que les attaques contre les civils et les biens de caractère civil peuvent constituer des crimes de guerre.
Selon le rapport, lors d’une escalade majeure des combats en juin dernier, les parties ont échangé des tirs nourris dans des zones civiles, tuant des dizaines de personnes. Elles ont également utilisé des habitations à des fins militaires et ont attaqué et pillé des marchés. « Les victimes sont mortes à l’intérieur de leurs maisons, sur les marchés, à proximité des hôpitaux et dans les rues », peut-on lire dans le rapport. Ce dernier indique également que dans le quartier d’Al-Thawra Janoub, « les habitants n’ont pas pu ramasser les corps des défunts dans les rues pendant plusieurs jours, en raison des bombardements continus et des violents échanges de tirs. »
Selon le rapport, la maternité Al-Saudi, qui est actuellement le seul hôpital public d’El-Fasher capable de fournir des opérations chirurgicales et des services de santé sexuelle et procréative, a été bombardée à plusieurs reprises par les Forces d’appui rapide. Ces bombardements se produisent alors que des prestataires de services ont signalé une augmentation des cas de violence sexuelle depuis le début du siège, comme l’indique le rapport. Un autre établissement de santé, le centre médical de Tumbasi, a été bombardé par les Forces d’appui rapide en août, faisant 23 morts et 60 blessés.
Le rapport fait également état d’attaques répétées des Forces d’appui rapide contre des camps accueillant des personnes déplacées, en particulier ceux de Zamzam et d’Abou Shouk.
Le camp de déplacés de Zamzam, situé à environ 15 km au sud de la ville d’El-Fasher et qui abrite actuellement des centaines de milliers de personnes déplacées à l’intérieur du pays, a connu une augmentation de la présence des forces conjointes alliées aux Forces armées soudanaises et a été bombardé à six reprises par les Forces d’appui rapide, causant la mort d’au moins 15 personnes déplacées. Cette situation, ainsi que les rapports faisant état d’une mobilisation accrue des combattants par les parties au conflit le long des frontières tribales à travers le Darfour, laissent présager de nouvelles hostilités.
« Toute attaque de grande envergure contre le camp de Zamzam et la ville d’El-Fasher portera les souffrances des civils à un niveau catastrophique et aggravera la situation humanitaire déjà désastreuse, y compris les conditions de famine », a déclaré M. Türk.
« Tous les efforts doivent être déployés, y compris par la communauté internationale, pour empêcher une telle attaque et mettre fin au siège. »
Le Haut-Commissaire a également appelé toutes les parties au conflit à s’engager de bonne foi dans les efforts de médiation, en vue d’une cessation immédiate des hostilités.
Consulter le rapport
Consulter la déclaration vidéo du Haut-Commissaire (enregistrée le 19 décembre 2024)
Consulter la vidéo concernant la publication du rapport sur le Soudan. Vous trouverez ci-après une liste des séquences vidéo la composant.
- EXTRAIT (en anglais) – Li Fung, Représentante du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme pour le Soudan : « Attacks against the civilian population and protected persons and objects, including medical facilities, may amount to war crimes. Further investigations are needed to establish whether serious crimes under international law have been committed and to determine individual criminal responsibility. » (Les attaques contre la population civile et les personnes et objets protégés, y compris les installations médicales, peuvent constituer des crimes de guerre. Des enquêtes complémentaires sont nécessaires pour établir si des crimes graves au regard du droit international ont été commis et pour déterminer les responsabilités pénales individuelles.)
- EXTRAIT (en anglais) – Li Fung, Représentante du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme pour le Soudan : « What we have seen is a persistent disregard by the parties for international humanitarian law and international human rights law, as evidenced by indiscriminate attacks using weapons with wide area effects in an urban area. » (Nous avons constaté un mépris persistant de la part des parties envers le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme, comme en témoignent les attaques indiscriminées utilisant des armes à large rayon d’action dans une zone urbaine.)
- EXTRAIT (en anglais) – Li Fung, Représentante du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme pour le Soudan : « Witnesses, victims, survivors recounted to our team the intense hostilities, that they were trapped in civilian neighborhoods, particularly during the months of June and July, when hostilities really escalated, that they were not able to leave their homes. No place was safe in El Fasher. » (Les témoins, les victimes, les survivants ont raconté à notre équipe les hostilités intenses, avoir été pris au piège dans les quartiers civils, en particulier pendant les mois de juin et juillet, lorsque les hostilités se sont intensifiées, et leur incapacité à quitter leurs domiciles. Aucun endroit n’était sûr à El-Fasher.)
- EXTRAIT (en anglais) – Li Fung, Représentante du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme pour le Soudan : « The Rapid Support Forces bear a specific responsibility as the party that is besieging El Fasher, and that is controlling access into and out of El Fasher. But all of the parties have had a role to play in the catastrophic situation that we are witnessing in El Fasher today. » (Les Forces d’appui rapide ont une responsabilité spécifique en tant que partie à l’origine du siège d’El-Fasher et du contrôle de son accès. Mais toutes les parties ont eu un rôle à jouer dans la situation catastrophique que nous connaissons aujourd’hui à El-Fasher.)
- EXTRAIT (en anglais) – Li Fung, Représentante du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme pour le Soudan : « We are calling once again on all of the parties to the conflict to uphold their obligations under international law, specifically international humanitarian law, and to deliver on the commitments that they have made to protect civilians and to uphold human rights law and international humanitarian law, particularly in the Jeddah Declaration of Commitments that was signed by both parties in May 2023. » (Nous appelons une nouvelle fois toutes les parties au conflit à respecter leurs obligations en vertu du droit international, en particulier du droit international humanitaire, et à tenir les engagements qu’elles ont pris afin de protéger les civils et de respecter les droits humains et le droit international humanitaire, en particulier dans la Déclaration d’engagement de Djedda qui a été signée par les deux parties en mai 2023.)
- EXTRAIT (en anglais) – Li Fung, Représentante du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme pour le Soudan : « Far from de-escalating the situation, the parties to the conflict are preparing for further offensives and hostilities in El Fasher. We are concerned about the repeated attacks on Zamzam IDP camp. We are calling urgently for the protection of civilians, to uphold international humanitarian law and respect the human rights of the population of El Fasher. » (Loin de désamorcer la situation, les parties au conflit se préparent à de nouvelles offensives et hostilités à El-Fasher. Nous sommes préoccupés par les attaques répétées contre le camp de déplacés de Zamzam. Nous lançons un appel urgent à la protection des civils et au respect du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme de la population d’El-Fasher.)
- Plan d’ensemble : camp de réfugiés d’Iridimi, près d’Irba, au Tchad, le 15/10/2024.
- Série de plans : réfugiés soudanais attendant devant de bureau du HCR dans le camp de réfugiés d’Iridimi, près d’Irba, au Tchad, le 15/10/2024.
- Série de plans : spécialistes des droits humains du HCDH avant une réunion, dans le camp de réfugiés d’Iridimi, près d’Irba, au Tchad, le 15/10/2024.
- Série de plans : spécialistes des droits humains du HCDH rencontrant des réfugiés soudanais dans le camp de réfugiés d’Iridimi, près d’Irba, au Tchad, le 15/10/2024.
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