Communiqués de presse Procédures spéciales
Des experts de l’ONU demandent au Conseil de sécurité de protéger les femmes et les enfants à Gaza et de rétablir la paix
21 mai 2025
GENÈVE – Le Conseil de sécurité des Nations Unies doit se pencher d’urgence sur l’attaque sans précédent d’Israël contre les civils à Gaza et réaffirmer ses engagements envers les priorités concernant les femmes, la paix et la sécurité, a déclaré aujourd’hui un groupe d’experts indépendants des droits humains*.
« À l’approche du débat ouvert du Conseil sur la protection des civils sous la présidence de la Grèce, nous demandons instamment la tenue d’une véritable discussion sur les graves répercussions du génocide en cours sur les femmes et les filles dans la bande de Gaza assiégée », ont déclaré les experts.
Les experts ont souligné que les attaques, qui bouleversent tous les aspects de la vie civile, ont des conséquences sexospécifiques distinctes et qu’un nombre effarant de filles et de femmes palestiniennes de tous âges en paient le prix fort, tandis qu’Israël continue de refuser l’accès à l’aide humanitaire. Ils ont noté que plus de 28 000 femmes et filles ont été tuées, des milliers ont été blessées et près d’un million ont été déplacées. Près de 13 000 femmes sont désormais à la tête d’un ménage monoparental. L’ensemble de la population est toujours confrontée à un risque très grave de famine. Près de 71 000 enfants et 17 000 femmes enceintes ou allaitantes auront besoin d’un traitement urgent contre la malnutrition aiguë dans un avenir immédiat.
Les femmes continuent de pleurer de lourdes pertes tout en s’occupant de familles qui ont peu, voire aucun accès à l’eau, aux médicaments, à une nourriture suffisante, aux produits sanitaires ou aux soins de santé sexuelle et procréative. Les femmes et les filles handicapées sont confrontées à des risques particulièrement élevés. Elles souffrent de manière disproportionnée de négligence, sont davantage exposées à la violence et se heurtent à des obstacles importants dans l’accès aux services essentiels, ont noté les experts.
« La destruction des infrastructures civiles et les souffrances profondes infligées aux femmes et aux filles exigent une action immédiate et soutenue de la part du Conseil de sécurité », ont affirmé les experts. « La dévastation subie par les femmes, les filles et des communautés entières n’est pas fortuite ; elle est la conséquence de politiques et d’actions intentionnelles de la part d’Israël. L’assassinat de milliers de femmes et de filles peut être considéré comme le fait de soumettre intentionnellement le peuple palestinien à des conditions d’existence conduisant à son anéantissement physique partiel ou total. »
Les experts ont noté que si les femmes et les filles palestiniennes de Gaza sont victimes de cet assaut militaire aveugle et disproportionné, les femmes, en tant que journalistes, travailleuses médicales, enseignantes, avocates et travailleuses humanitaires, continuent de prodiguer des soins, de recueillir des informations et de résister, malgré des pertes insupportables.
« Les filles et les autres enfants racontent parcourir de longues distances à pied pour suivre un enseignement à distance, même s’ils craignent les bombardements en cours de route. Ils s’accrochent aux uniformes et aux livres, dans l’espoir de pouvoir retourner dans les salles de classe, même si ces lieux ne sont plus sûrs », ont déclaré les experts.
Réitérant leurs appels en faveur d’un cessez-le-feu permanent et de mesures de protection et de responsabilité, les experts ont exhorté le Conseil à agir pour faire face aux conséquences spécifiques de la crise sur les femmes. Ils ont fait remarquer que les engagements en faveur des femmes, de la paix et de la sécurité ne doivent pas être écartés des débats fondamentaux sur la paix et la sécurité.
« À Gaza, les règles d’engagement et les protections fondamentales dont doivent bénéficier les civils ont été violées de manière intentionnelle, persistante et flagrante », ont averti les experts. « Si le Conseil de sécurité ne parvient pas à faire face à cette profonde rupture de conformité et de responsabilité, et à ses répercussions sur l’humanité et le multilatéralisme, les fondements mêmes du droit international risquent d’être vidés de leur sens. »
*Les experts : Laura Nyirinkindi (Présidente), Claudia Flores (Vice-Présidente), Dorothy Estrada Tanck, Ivana Krstić, et Haina Lu, Groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles ; Francesca Albanese, Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967 ; Cecilia M. Bailliet, Experte indépendante sur les droits de l’homme et la solidarité internationale ;George Katrougalos, Expert indépendant sur la promotion d’un ordre international démocratique et équitable ; Balakrishnan Rajagopal, Rapporteur spécial sur le droit à un logement convenable ; Morris Tidball-Binz, Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires ; Nicolas Levrat, Rapporteur spécial sur les questions relatives aux minorités ; Margaret Satterthwaite, Rapporteuse spéciale sur l’indépendance des juges et des avocats ; Irene Khan, Rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression ; Surya Deva, Rapporteur spécial sur le droit au développement ;Farida Shaheed, Rapporteuse spéciale sur le droit à l’éducation ; Michael Fakhri, Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation ; Siobhán Mullally, Rapporteuse spéciale sur la traite des êtres humains, en particulier les femmes et les enfants ; Gina Romero, Rapporteuse spéciale sur les droits à la liberté de réunion pacifique et à la liberté d’association ; Ashwini K.P, Rapporteuse spéciale sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée ; Heba Hagrass, Rapporteuse spéciale sur les droits des personnes handicapées ; Claudia Mahler, Experte indépendante chargée de promouvoir l’exercice par les personnes âgées de tous les droits de l’homme.
Les Rapporteurs spéciaux/Experts indépendants/Groupes de travail sont des experts des droits humains indépendants nommés par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies. Ensemble, ils relèvent de ce qu’on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Les experts des procédures spéciales travaillent bénévolement ; ils n’appartiennent pas au personnel de l’ONU et ne perçoivent pas de salaire pour leur travail. Si le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) fait office de secrétariat pour les procédures spéciales, les experts agissent à titre individuel et sont indépendants de tout gouvernement ou organisation, y compris du HCDH et des Nations Unies. Les opinions ou convictions exprimées sont uniquement celles de leurs auteurs et ne représentent pas nécessairement celles des Nations Unies ou du HCDH.
Les observations et recommandations spécifiques aux pays émises par les mécanismes des Nations Unies relatifs aux droits humains, dont les procédures spéciales, les organes conventionnels et l’Examen périodique universel, sont consultables dans l’Index universel des droits de l’homme à l’adresse suivante : https://uhri.ohchr.org/fr/.
Pour plus d’informations, veuillez contacter [email protected].
Pour toute requête des médias relative aux experts indépendants des Nations Unies, veuillez contacter Dharisha Indraguptha ([email protected]) ou Maya Derouaz ([email protected]).
Suivez les actualités des experts indépendants des droits de l’homme des Nations Unies sur X : @UN_SPExperts
VOIR CETTE PAGE EN :