Déclarations et discours Haut-Commissariat aux droits de l’homme
Les droits humains sont le fondement d’une gouvernance efficace et de la coopération internationale, souligne Volker Türk au Sommet de l’avenir
21 septembre 2024

Table ronde du Sommet de l’avenir sur l’importance vitale des droits humains
© HCDHPrononcé par
Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme
À
New York, Sommet de l’avenir
Excellences,
Chers participants et participantes,
J’ai le plaisir de vous accueillir à cette manifestation parallèle organisée conjointement par le Costa Rica, l’Afrique du Sud, l’Union européenne, Action pour le développement durable et CIVICUS.
Nous nous trouvons à la croisée des chemins.
La souffrance croissante et insupportable de millions de personnes à Gaza, au Soudan, en Ukraine, au Myanmar et dans tant d’autres parties du monde.
L’aggravation des inégalités dans un monde d’une telle abondance, où les richesses sont détenues par un nombre si limité de personnes.
La triple crise planétaire, dont les conséquences dévastatrices affectent principalement les personnes qui en sont les moins responsables.
La désinformation, qui se répand comme une traînée de poudre, étouffant les faits et réduisant ainsi la capacité de la population à faire des choix libres et éclairés.
La quête incessante de gains à court terme qui profitent à quelques personnes, mais jamais à l’avenir.
Quant au respect du droit international, nous avons assisté à des attaques scandaleuses, y compris l’assassinat et la détention de travailleurs humanitaires et de défenseurs des droits humains, en violation flagrante du droit international.
Nous avons également été témoins d’attaques incessantes visant les institutions mêmes du multilatéralisme qui ont été créées pour défendre ce droit.
Comme je l’ai également mentionné au Conseil de sécurité hier lors du débat sur le Moyen-Orient et le Liban, nous devons nous poser la question suivante.
S’agit-il de notre nouvelle normalité ? Est-ce bien là l’avenir dont rêvent nos enfants et leurs enfants ?
Un autre choix est possible. Nous pouvons changer de cap et renouer avec notre humanité commune, la nature et notre planète.
Les droits humains peuvent nous guider sur cette voie.
Trop souvent mal compris et trop souvent instrumentalisés, les droits humains sont le fondement d’une gouvernance efficace et de la coopération internationale.
S’appuyant sur un cadre normatif universel, ils nous permettent de faire le point et d’agir.
Ils englobent notre passé, notre présent et notre avenir.
Ils offrent une perspective lucide sur notre monde. Sur ce qui se passe : pour les femmes dans les conflits, aux urnes du monde entier, dans nos écoles et nos hôpitaux, pour les enfants qui font l’expérience du monde en ligne.
Ils fournissent également une feuille de route pour nous pousser à mieux faire : ils aident à prédire les conflits futurs et proposent des outils pour les prévenir. Ils aident les victimes de violations à obtenir justice, permettant l’établissement des responsabilités, des recours et des réparations. Ils contribuent également à rendre le développement véritablement durable en veillant à ce que personne ne soit laissé de côté.
Ils remettent en question le pouvoir répressif et les dynamiques de pouvoir malsaines ; ils renversent l’orthodoxie, ils encouragent l’action.
Leur pouvoir de transformation est extraordinaire, et ils sont essentiels pour parvenir à l’égalité et à une paix durable pour les générations actuelles et futures.
Excellences,
Les droits humains ne sont pas en crise, comme je l’entends trop souvent. Ce qui est réellement en crise, c’est la direction politique nécessaire pour en faire une réalité.
Ce Sommet de l’avenir, qui nous réunit tous ici, nous offre une occasion unique. De telles possibilités de bâtir un avenir meilleur sont rares, nous devons donc les saisir et leur donner un sens.
Nous devons reconnaître les faiblesses de notre système multilatéral actuel, avec honnêteté et humilité, car certaines parties de notre système sont dépassées ou inadéquates.
Compte tenu de tous les problèmes auxquels le monde est confronté et de leur nature transfrontalière, il est essentiel de relancer le multilatéralisme.
Cette tâche ne sera pas aisée.
Cependant, nous savons que les droits humains étant la pierre angulaire de la coopération internationale et un cadre universel, nous pouvons faire transparaître les objectifs et les principes des Nations Unies à travers la cause des droits humains.
Il faut pour cela mener des conversations significatives, ouvertes, transparentes, franches et ouvertes, en particulier en cas de désaccord profond.
Il faut s’engager à placer les personnes au centre des préoccupations et à mettre en œuvre l’ensemble des droits humains : les droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels, le droit au développement et le droit à un environnement propre, sain et durable, sans discrimination d’aucune sorte.
Il faut également soutenir les mécanismes des droits humains, le système lui-même, y compris le HCDH, afin que nous puissions poursuivre notre travail en respectant les principes d’impartialité, d’objectivité et de non-sélectivité : qu’il s’agisse de fournir des conseils sur les lois anti-discrimination, de promouvoir des économies inclusives, de protéger l’espace civique dont nous avons tant besoin, de veiller à ce que les droits des personnes soient au premier plan du développement et de la réglementation des nouvelles technologies, ou encore de faire pression en faveur de la justice climatique.
Je vous invite tous à saisir les opportunités que peut offrir un écosystème des droits humains sain. À le soutenir. À le renforcer. À investir en sa faveur.
Il représente un retour sur investissement extraordinaire pour une fraction infime des ressources si facilement allouées à d’autres domaines.
Pour les peuples du monde entier.
Pour les générations futures.
Et pour notre planète.