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Déclarations et discours Haut-Commissariat aux droits de l’homme

Volker Türk : les négociations de Bakou sur le climat doivent marquer un tournant pour notre planète en feu

11 novembre 2024

Un jeune garçon tente d’éteindre un feu dans une zone de tourbières près de son quartier à Pekanbaru, dans la province de Riau, le 4 octobre 2019.
© AFP/WAHYUDI

Prononcé par

Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme

À

COP29

Lieu

Geneva

Nous menons le combat de notre vie.

La triple crise planétaire due aux changements climatiques, à la pollution et à la perte de la biodiversité menace chacun d’entre nous, individuellement et collectivement. La survie des communautés, des pays, voire de l’humanité est en jeu.

Notre planète en surchauffe est le plus grand facteur de violations des droits humains qui soit, et ce n’est qu’un début.

Partout dans le monde, le chaos climatique plonge les populations dans la pauvreté et la faim. Des familles voient leurs foyers et leurs moyens de subsistance emportés par des inondations répétées. Les tempêtes et les sécheresses font disparaître des communautés. Et les générations futures hériteront d’un monde plus imprévisible et plus dangereux.

Depuis le début de l’ère industrielle, l’extraction de combustibles fossiles et leur combustion ont alimenté les inégalités.

Cette tendance se poursuit aujourd’hui. Certains des pays les moins développés du monde subissent des dommages considérables en raison des effets du climat.

Dans ces pays, certains groupes sont particulièrement touchés, notamment les peuples autochtones, les migrants et les réfugiés, les femmes et les filles, ainsi que les personnes handicapées.

Les négociations sur le climat qui reprendront en Azerbaïdjan doivent soutenir une nouvelle approche, fondée sur les droits humains, l’équité et l’égalité.

C’est pourquoi j’ai écrit aux dirigeants du monde entier pour leur demander de collaborer d’urgence à la réduction des émissions et de soutenir celles et ceux qui sont confrontés au chaos climatique.

C’est ce qui est impératif à l’heure actuelle. Et c’est ce que la science et les peuples du monde exigent.

À maintes reprises, les scientifiques ont appelé sans équivoque à une action urgente pour préserver la planète.

À maintes reprises, les peuples du monde ont réclamé une justice climatique.

Et à maintes reprises, les dirigeants ont laissé passer des occasions d’agir.

Pendant qu’ils se chamaillent et s’affrontent, le monde est en train de brûler.

Pendant ce temps, les militants pour le climat, les défenseurs des droits humains et les jeunes du monde entier montrent la voie à suivre, en assumant leurs responsabilités et en mettant en avant des solutions.

Ils sont conscients de l’hypocrisie des affirmations selon lesquelles il n’y a pas d’argent pour l’action climatique, alors que les pays consacrent des milliards au développement d’armes.

Ils soulignent qu’au lieu de faire payer les pollueurs, on leur verse des milliers de milliards de dollars de subventions.

Les militants pour le climat se battent pour que les responsables rendent des comptes, que ce soit à la Cour internationale de Justice, dans les tribunaux régionaux des Amériques et d’Europe ou dans les systèmes judiciaires locaux et nationaux du monde entier.

Un mouvement mondial fort en faveur de la justice climatique et environnementale pourrait être notre dernier et meilleur espoir.

Pourtant, au lieu d’écouter les militants pour le climat, de nombreux gouvernements les criminalisent, les persécutent, les harcèlent et les réduisent au silence.

La COP29 à Bakou doit marquer un tournant.

Nous devons nous focaliser, au plus haut niveau politique, sur les moyens d’arrêter cette crise, sur la prévention des points de basculement qui pourraient conduire à une catastrophe climatique et sur la protection de ceux qui subissent déjà les effets de cette crise.

Les dirigeants, à commencer par les pays du G20 qui sont à l’origine de 80 % des émissions, doivent se mettre d’accord pour éliminer rapidement et équitablement les combustibles fossiles.

La COP29 doit déboucher sur un projet financier ambitieux qui protège les plus pauvres et les plus marginalisés et garantit des ressources en faveur de l’action climatique, y compris en matière d’atténuation et d’adaptation.

Les pertes et les préjudices sont une question de droits humains qui nécessite une attention beaucoup plus soutenue.

Tous les pays doivent s’engager à protéger les militants du climat et de l’environnement et à impliquer les personnes les plus touchées par cette crise durant le processus décisionnel.

Ensemble, nous devons redoubler d’efforts pour réclamer la fin de l’ère des combustibles fossiles, ainsi que la justice et l’établissement des responsabilités.