Membres du personnel de l’ONU, dont huit collègues du HCDH, détenus au Yémen
Le HCDH appelle à leur libération immédiate
05 février 2020
Pour Stéphanie Sewell, défendre les droits de l'homme va de pair avec sa mission pour combattre le colorisme : la discrimination fondée sur la couleur de la peau au sein des communautés d'ascendance africaine.
« C'est un autre niveau de racisme au sein d'une race », déclare-t-elle. « Dans certains endroits, selon la couleur de votre peau, soit on vous voit plus beau ou belle, soit on vous considère d'une classe sociale supérieure. Et ce sont généralement les personnes à la peau plus claire qui sont perçues comme appartenant à une classe plus élevée que celles qui ont la peau sombre. »
Stephanie Sewell est bénéficiaire du programme de bourse 2019 du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme destiné aux personnes d'ascendance africaine. Le programme vise à renforcer les compétences des participants à contribuer à la protection et à la promotion des droits de l'homme des personnes d'ascendance africaine et de leurs pays respectifs. Les boursiers découvrent les différents mécanismes des droits de l'homme et comment les utiliser pour améliorer le développement de la législation, renforcer la collaboration de la société civile avec les gouvernements et entreprendre des activités de sensibilisation.
Le colorisme peut sembler être un sujet inhabituel pour ce qui est des droits de l'homme, mais Stephanie Sewel estime que les préjugés à l'encontre des personnes à la peau sombre ont entraîné des problèmes liés aux droits de l'homme. Elle a récemment lancé une campagne pour sensibiliser l'opinion des Jamaïcains sur le colorisme et d'autres questions relatives aux droits de l'homme. La campagne, appelée @DarkSkinInJA, utilise les médias sociaux pour mettre en évidence la double norme et la discrimination qui affectent les personnes ayant la peau foncée en Jamaïque.
Par exemple, l'association jamaïcaine des médecins (JMDA) indique que le préjudice de couleur est l'un des problèmes relatifs aux droits de l'homme identifiés par ses membres lors d'interactions entre les patients et le personnel médical. Dans une brochure publiée en juin 2019 intitulée Health Care The "Rights" Way: Centering Human Rights in Patients' Care, l'association a fait remarquer que les patients à la peau plus claire étaient traités plus favorablement que ceux à la peau plus sombre lorsqu'ils recevaient des soins médicaux dans des hôpitaux publics et des cliniques.
Ces préjudices encouragent également des pratiques néfastes telles que le blanchiment de la peau, que 11 % de la population du pays pratiquent, selon un sondage du gouvernement sur le mode de vie datant de 2017. Ils s'étendent à l'éducation, où les codes vestimentaires sont souvent destinés à réduire les caractéristiques naturelles des personnes à la peau sombre, déplore Stéphanie. Elle a signalé le cas récent d'une école primaire où un enfant portant des dreadlocks s'est vu refuser l'entrée de l'école en raison du règlement en place.
« À mon avis, c'est tout simplement décevant de voir qu'en Jamaïque, qui est le berceau, le lieu de naissance du rastafarisme.... le pays d'origine de Marcus Garvey, qui prêchait la fierté noire…, les écoles continuent d'essayer d'appliquer les mêmes normes coloniales de la beauté », explique-t-elle.
Ce programme de bourse permettra à Stephanie d'étendre la portée de sa campagne des droits de l'homme en Jamaïque et d'embrasser son rôle croissant de défenseuse des droits de l'homme.
« Grâce à ce programme, je peux en apprendre bien plus sur les mécanismes des Nations Unies... sensibiliser davantage les Jamaïcains aux droits de l'homme et tout simplement mieux faire passer le message », indique-t-elle. « Je pense que pendant très longtemps, les questions relatives aux droits de l'homme ont été considérées du point de vue du monde occidental, plutôt que de celui des Caraïbes. Mais quand on commence à regarder plus en détail, au fait que l'éducation est un droit, que la santé est un droit, on se rend compte qu'on ne peut pas faire autrement que (de constater le besoin de promouvoir et de protéger les droits de l'homme et donc) d'être un défenseur ou une défenseuse des droits de l'homme. C'est quelque chose auquel je crois de tout mon cœur. »
Cette année marque le milieu de la Décennie internationale pour les personnes d'ascendance africaine. Découvrez la Décennie et ses événements