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L’eau est un bien commun à tous, explique un expert de l’ONU

06 novembre 2024

Un homme se lave le visage avec de l’eau du robinet à un point de collecte d’eau dans le bidonville de Kibera, à Nairobi, au Kenya, le 21 mars 2018.
© EPA-EFE/DAI KUROKAWA

« L’eau que nous captons dans la nature pour divers usages doit être gérée comme un bien commun, qui doit être accessible à tous et ne doit appartenir à personne », a déclaré Pedro Arrojo-Agudo, Rapporteur spécial sur les droits de l’homme à l’eau potable et à l’assainissement.

Dans son rapport, M. Arrojo-Agudo définit l’eau comme une ressource commune et vitale dont la responsabilité de la gestion doit incomber aux États. En outre, les États doivent adopter une approche fondée sur les droits humains pour la gestion des systèmes aquatiques et du cycle de l’eau, au lieu de considérer l’eau comme une marchandise qui doit être soumise à la logique du marché.

« D’un point de vue néolibéral, [...] l’accès à l’eau, ses usages et les avantages qui en découlent dépendent de la capacité de chacun à en payer le prix, tandis que l’accès à l’information et la gestion sont aux mains d’actionnaires majoritaires d’entreprises chargées de ces services », a-t-il expliqué. « Cette approche non seulement va à l’encontre de la conception de l’eau en tant que bien commun, mais est également incompatible avec une démarche de gestion de l’eau fondée sur les droits humains. »

L’expert a également plaidé en faveur d’une approche de la gestion de l’eau fondée sur les droits humains en soulignant que l’eau est un facteur déterminant pour le choix des zones d’installation sur le territoire, la cohésion sociale et la coexistence dans les sociétés.

Pedro Arrojo-Agudo a défini trois niveaux de priorité éthique pour l’utilisation de l’eau afin d’aider les États à établir des normes et une législation en matière de gestion de l’eau : « l’eau pour la vie », c’est-à-dire l’eau essentielle au maintien de la vie et de la dignité humaine, individuellement et collectivement ; « l’eau et ses fonctions, usages et services d’intérêt général », à savoir les utilisations de l’eau considérées comme étant d’intérêt général par la société ; et « l’eau pour le développement économique », ou l’eau utilisée pour des activités productives, telles que les industries extractives et l’agriculture à grande échelle, qui permettent d’améliorer le niveau de vie des populations.

Il a également souligné l’importance de la « subsidiarité », en impliquant les communautés locales dans la gouvernance des ressources en eau, notamment en reconnaissant que l’eau est un bien commun. « [Cela] nécessite d’impliquer cette communauté et de la rendre responsable de sa gestion », a déclaré l’expert, en plaidant pour une gouvernance sans but lucratif à l’échelle locale, à l’échelle du bassin, voire à l’échelle transfrontalière et mondiale.

Il a par ailleurs appelé à un renforcement de la coopération internationale pour protéger les ressources en eau contre les menaces croissantes des changements climatiques.

Dans son rapport, M. Arrojo-Agudo fournit aux États plusieurs recommandations sur la manière dont l’eau et les systèmes aquatiques devraient être gérés en tant que bien commun. Ces recommandations comprennent notamment des stratégies visant à promouvoir l’utilisation de l’eau sur la base du principe de non-dégradation, ou en évitant les rejets toxiques dans les écosystèmes qui entraîneraient la détérioration des systèmes aquatiques ; la restauration, qui implique d’imputer les coûts de la pollution à ceux qui la causent ; le recouvrement des coûts, qui consiste à adapter les tarifs des services d’approvisionnement en eau et d’assainissement aux coûts réels du service ; et le principe du rapport coût-efficacité, qui consiste à envisager toutes les options possibles et à adopter celle qui présente le meilleur rapport coût-efficacité pour atteindre les objectifs fixés. L’expert a également conseillé d’utiliser les normes des droits humains en matière de non-discrimination, d’égalité de participation, de transparence et de responsabilité.