Des acteurs du changement apprennent aux jeunes à revendiquer leurs droits
20 décembre 2024

« N’ayez pas peur de prendre la parole et de dire ce que vous pensez. Dans un monde en proie aux tromperies, dire la vérité est un acte révolutionnaire. Dites votre vérité. Expliquez votre vie, dites ce que c’est que d’être vous », a déclaré Dejana Stosic.
Mme Stosic, professionnelle de l’éducation aux droits humains et militante pour la paix originaire de Serbie, s’emploie à lutter contre la violence fondée sur le genre, notamment en sensibilisant les filles et les jeunes femmes aux droits en matière de sexualité et de procréation. En 2021, elle a créé sur Twitter la mention #NisamPrijavila (#IdidntReport) en expliquant pourquoi elle n’a pas dénoncé des violences sexuelles. En l’espace de trois jours, plus de 21 000 femmes ont utilisé ce mot-dièse pour raconter les violences qu’elles avaient subies mais n’avaient jamais signalées.
Mme Stosic s’est exprimée lors d’un dialogue avec les jeunes organisé au Palais des Nations à Genève par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) en partenariat avec l’UNESCO, Amnesty International et Soka Gakkai International le 10 décembre 2024, Journée des droits de l’homme. Ces 21 000 femmes, a-t-elle dit, constituent 21 000 raisons de mettre fin à la violence fondée sur le genre.
« La honte doit changer de camp... c’est la personne responsable de la violation des droits humains qui doit avoir honte, et non la victime », a ajouté Dejana Stosic.
L’événement, intitulé « Nos droits, notre avenir, maintenant » à travers l’éducation aux droits humains pour, avec et par les jeunes, a rassemblé plus de 150 jeunes participants issus d’universités, du mouvement scout, de réseaux et d’organisations de jeunes, ainsi que des représentants de missions permanentes, pour un dialogue de deux heures sur les droits humains du point de vue des jeunes et sur le rôle de l’éducation aux droits humains pour permettre aux jeunes de remplir leur rôle de citoyens locaux et mondiaux, d’agir et de défendre leurs droits humains et ceux des autres.
Un autre professionnel de l’éducation aux droits humains, Soufiane Hennani, a participé à l’événement aux côtés de Dejana Stosic. Tous deux figurent dans Changemakers: Stories of Young Human Rights Educators, une ressource multimédia coproduite par le HCDH, Amnesty International et Soka Gakkai International ayant pour but de montrer comment les droits humains et l’éducation à ces derniers ont changé la vie des jeunes, les incitant à agir pour les droits humains dans leurs communautés par le biais de l’éducation aux droits humains.

Soufiane Hennani et Dejana Stosic (au premier plan) s’adressent aux jeunes durant le dialogue à l’occasion de la Journée des droits de l’homme, le 10 décembre 2024. © Geneva Academy
« Nous ne devons pas avoir honte de défendre les droits humains. Aujourd’hui, certaines personnes ne croient pas aux droits humains et n’ont pas honte de le dire. Nous devons faire pareil, mais pour promouvoir les droits humains », a déclaré Soufiane Hennani. « Il est de notre devoir, en tant que jeunes, de prendre la parole, de nous exprimer et d’être fiers de défendre l’égalité des genres et plus globalement la justice sociale. »
Soufiane Hennani, militant pour l’égalité des genres au Maroc, a créé un podcast en 2020 qui vise à repenser et à promouvoir les masculinités positives.
Répondant aux nombreux commentaires et questions du jeune public, et parlant de leur expérience personnelle, Dejana Stosic et Soufiane Hennani ont expliqué comment ils ont pu rester motivés en tant que militants et professionnels de l’éducation aux droits humains, malgré les obstacles qu’ils rencontrent et les menaces qu’ils reçoivent parfois, et ont discuté de la nécessité de contrer les mouvements s’opposant aux droits humains, notamment par l’éducation aux droits humains. Ils ont également partagé des suggestions sur la manière d’utiliser les médias sociaux et les outils numériques pour inciter le public à s’intéresser aux questions relatives aux droits humains et pour transformer cet intérêt sur les médias sociaux en actions concrètes en faveur des droits humains.
Ce dialogue a également coïncidé avec le lancement par le Conseil des droits de l’homme de la cinquième phase (2025-2029) du Programme mondial d’éducation dans le domaine des droits de l’homme, axée sur les enfants et les jeunes et mettant particulièrement l’accent sur trois problématiques : les technologies numériques et les droits humains, l’égalité des genres, et l’environnement et les changements climatiques.
« Il est important de célébrer notre combat [pour les droits humains]. Cela nous donne de la visibilité et encourage d’autres personnes à mener les mêmes efforts que nous et à montrer la voie à suivre », a déclaré M. Hennani. « L’oppression peut disparaître, et nous pouvons y jouer un rôle. »