« Rien n’est impossible »
24 décembre 2024
Diana Jalba aime dire que rien n’est impossible.
« Nous ne devrions pas laisser les handicaps nous limiter », affirme-t-elle. Cette jeune femme de 29 ans, alerte et bavarde, est atteinte de paralysie cérébrale, un trouble neurologique qui affecte les mouvements de son corps et sa coordination musculaire.
« J’aime vivre seule dans mon appartement et être responsable de ma vie. Je paie mes factures, je vais au cinéma quand je veux et je n’ai pas à m’expliquer devant qui que ce soit. Mon seul problème est de devoir surmonter des obstacles pour exercer mes droits humains. »
Diana Jalba a récemment terminé un stage dans le cadre d’un programme mené par l’équipe de pays des Nations Unies en République de Moldova, sous la direction du bureau du HCDH en République de Moldova. Créé en 2016, le programme de stages des Nations Unies pour la diversité soutient l’inclusion des personnes appartenant à des groupes marginalisés qui sont souvent victimes de discrimination.
En travaillant avec des mentors, les stagiaires acquièrent une expérience pratique et des compétences professionnelles qui leur sont utiles pour un futur emploi sur le marché du travail, y compris aux Nations Unies. L’initiative se veut également une occasion d’apprentissage pour les Nations Unies.
« Ce stage m’a aidé sur le plan personnel et professionnel », explique Diana Jalba, qui est titulaire d’un master en langues et littératures étrangères et travaille comme traductrice pour une ONG à Chisinau. « J’ai appris à gérer mes émotions et à mieux me concentrer sur ce que je veux faire. »
Diana Jalba est très fière de son travail de traductrice, qu’elle effectue depuis son domicile.
« J’utilise un clavier et un système vocal », indique-t-elle. « Je suis très minutieuse. Je vérifie tout, chaque mot, chaque virgule. Je peux être parfois très pointilleuse. Je n’ai pas confiance en l’IA », ajoute-t-elle en éclatant de rire.
Inclusion
La République de Moldova est un petit pays d’Europe qui a ratifié la Convention relative aux droits des personnes handicapées en 2010. Cette ratification a entraîné d’importants changements législatifs, notamment la loi de 2012 sur l’inclusion sociale des personnes handicapées, ainsi que d’autres réformes.
Toutefois, la lutte pour l’inclusion est loin d’être terminée. En République de Moldova et ailleurs dans le monde, trop d’obstacles continuent de limiter la participation des personnes handicapées à la vie publique et sociale, les privant de leurs droits, notamment l’accès à l’éducation, aux soins de santé, à l’emploi, au vote et aux activités culturelles et sportives, affirment les groupes de défense des droits.
Selon des données officielles, les personnes handicapées figurent parmi les plus pauvres du pays. Leur taux d’emploi est deux fois moins élevé que celui de la population générale. Les femmes handicapées, en particulier dans les zones rurales, sont confrontées à des risques élevés de violence, de pauvreté et d’exclusion sociale.
Dans le cadre de son mandat, le HCDH travaille avec différents partenaires, la société civile, les personnes handicapées et les organisations qui les représentent, ainsi qu’avec le Gouvernement, afin de faire progresser la mise en œuvre de la Convention et de promouvoir l’inclusion et la participation des personnes handicapées à la société.
Pour ce faire, il mène notamment des activités de sensibilisation et de formation, et fournit des orientations et des conseils techniques en vue d’élaborer des politiques fondées sur des approches du handicap reposant sur les droits humains.
« Les personnes handicapées ont le droit de vivre dans la dignité et de manière autonome, sur un pied d’égalité avec les autres », a déclaré Xenia Siminciuc, spécialiste des droits humains du HCDH et mentor de Diana pendant le stage.
Les deux femmes sont devenues des amies proches. Plus récemment, Xenia Siminciuc a aidé Diana Jalba à rédiger un CV et à améliorer ses compétences en matière d’entretien, et Diana Jalba est désormais employée par le Bureau du Défenseur du peuple/Bureau du Médiateur.
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Nous devons changer notre approche et considérer les personnes handicapées comme des participants et des contributeurs à la vie sociale, économique, culturelle, civique et politique de notre société, et devons nous assurer qu’ils aient accès à l’aide nécessaire pour exercer leurs droits humains.
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XENIA SIMINCIUC, SPÉCIALISTE DES DROITS HUMAINS DU HCDH
Vasile Cusca, secrétaire d’État au Ministère du travail et de la protection sociale, a déclaré que le Gouvernement moldove s’engageait à faire progresser les droits des personnes handicapées, notamment par une protection sociale adéquate, l’adaptation des établissements d’enseignement et l’amélioration de la formation professionnelle.
« Le Moldova a fait beaucoup de progrès, mais il y a encore des domaines dans lesquels nous devons poursuivre nos efforts », a-t-il déclaré. Depuis l’adoption de la loi sur l’inclusion sociale des personnes handicapées, la République de Moldova a mis en place un programme national sur l’inclusion sociale des personnes handicapées et un programme national de désinstitutionnalisation.
Le secrétaire d’État a souligné que le Ministère entretenait de bonnes relations de travail avec les Nations Unies et les mécanismes internationaux relatifs aux droits humains. Il a également fait remarquer qu’en dépit d’un financement limité, le Gouvernement collaborait avec divers partenaires afin de concevoir des réformes et des programmes axés sur la promotion des droits des personnes handicapées.
« La participation des personnes handicapées est un élément crucial de l’inclusion. Non seulement pour les réformes législatives et la révision des cadres, mais surtout pour lutter contre les stéréotypes et les croyances négatives dans la société. »
Changer les mentalités
Pour Ludmila Adamciuc, il s’agit avant tout de changer les mentalités. Ludmila Adamciuc est la mère de Beatrice, une fillette de 7 ans atteinte du syndrome de Down.
Après avoir donné naissance à sa fille, ella a décidé de militer pour les droits des personnes handicapées. Avec le soutien du HCDH, elle a fondé Prietena Mea (qui signifie « mon ami » en roumain), une ONG à Chisinau qui sensibilise à l’importance de l’acceptation des handicaps et responsabilise les parents d’enfants handicapés.
« Nous vivons dans une société où les enfants handicapés sont souvent stigmatisés et mal acceptés », a déclaré Ludmila Adamciuc.
« Nous entendons parler d’enfants handicapés qui ne sont pas acceptés dans les établissements d’enseignement sous prétexte qu’ils n’ont pas de personnel qualifié, mais il peut s’agir d’exemples de discrimination. Il est donc important de changer les mentalités, mais aussi de renforcer les compétences des professionnels et de leur donner accès aux services de soutien nécessaires. Il s’agit ici de l’égalité des droits des enfants handicapés. »
Faire tomber les barrières
Valeryi Shemyanskyi et Galina Fedotova, qui sont mari et femme, se battent également pour faire tomber les barrières.
Valeryi Shemyanskyi, qui est né avec une infirmité motrice cérébrale, est le président de GLIN, une organisation de la société civile située sur la rive gauche du Dniestr qui fournit des conseils juridiques, médicaux et psychologiques aux groupes défavorisés, y compris aux personnes handicapées.
Le couple a participé à un récent programme de renforcement des capacités du HCDH, au cours duquel ils ont acquis des connaissances sur les droits humains, les activités de plaidoyer et d’autres compétences permettant de promouvoir le changement. Leur organisation travaille avec les autorités de facto pour modifier le cadre réglementaire sur les soins de santé et les prestations sociales pour les personnes handicapées.
Valeryi Shemyanskyi, qui termine actuellement ses études de droit à Tiraspol dans le but de devenir procureur, a déclaré que GLIN envisageait également d’ouvrir un centre juridique et psychologique sur la rive droite du Dniestr.
« De nombreuses personnes handicapées ignorent qu’elles jouissent des mêmes droits humains que les autres », a déclaré Galina Fedotova, directrice de GLIN. « Mais nous voulons faire changer les choses. »