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Actes d’intimidation et de représailles liés à la coopération avec les organes conventionnels

Contexte général et définition des actes d’intimidation et de représailles

Toute personne, en particulier les victimes de violations des droits de l’homme et les acteurs de la société civile, a le droit d’avoir librement accès aux organes internationaux, y compris les organes créés en vertu d’instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme (ou organes conventionnels), et de communiquer avec eux sans crainte de subir des actes d’intimidation ou de représailles. La société civile et les victimes apportent des informations et des témoignages cruciaux aux organes conventionnels et fournissent aux experts de ces organes des informations contextuelles utiles. Les États doivent avant tout prévenir les actes d’intimidation et de représailles et ne pas y recourir. Ils ont également l’obligation de protéger les individus contre les représailles, d’enquêter et d’offrir des recours efficaces aux victimes.

Ces dernières années, les actes d’intimidation et de représailles contre ceux qui coopèrent, cherchent à coopérer ou ont coopéré avec les organes conventionnels ont augmenté. Les personnes détenues sont particulièrement vulnérables à de telles représailles. Ces actes prennent de nombreuses formes : campagnes de diffamation, interdictions de voyager, menaces, amendes, arrestations arbitraires, longues peines de prison, mauvais traitements ou encore actes de torture. Les victimes et les membres de leur famille ainsi que la société civile risquent de telles formes de représailles lorsqu’ils soumettent des informations aux organes conventionnels dans le cadre de l’examen des États parties, donnent des informations sur des cas individuels de violation des droits de l’homme, ou lors de visites de pays, notamment dans des lieux de détention. Les représailles peuvent prendre différentes formes. Par conséquent, si des individus estiment qu’ils risquent d’être victimes d’intimidation ou de représailles pour avoir été en contact avec un organe conventionnel, ou qu’ils le sont déjà, ces individus doivent le signaler aux organes conventionnels pertinents.

Principes directeur visant à prévenir et à combattre les actes d’intimidation et de représailles contre les personnes et les groupes qui coopèrent avec le Comité.

Qu’ont fait organes conventionnels pour lutter contre les actes d’intimidation et de représailles?

Les organes conventionnels n’ont cessé de réaffirmer que leur libre coopération avec des individus et des groupes est essentielle à leur efficience et à leur efficacité et ont exprimé à maintes reprises leurs préoccupations au sujet des actes d’intimidation et de représailles collectifs et individuels.

Compte tenu de l’attention croissante accordée aux cas d’intimidation et de représailles et de l’urgence croissante de renforcer la protection et d’assurer la cohérence des réponses des organes conventionnels aux personnes et groupes exposés à des actes ou à des risques d’actes d’intimidation ou de représailles, les présidents des organes conventionnels ont adopté les Principes directeurs relatifs à la lutte contre l’intimidation ou les représailles (Principes directeurs de San José) durant leur réunion annuelle en 2015. Les Principes directeurs de San José fournissent des orientations pratiques pour améliorer l’efficience et l’efficacité de l’action des organes conventionnels en matière de prévention et de lutte contre les représailles. Ils énoncent six principes généraux et fournissent une gamme de mesures opérationnelles possibles pour faire face aux représailles et les prévenir.

Tous les organes conventionnels ont nommé des coordonnateurs/rapporteurs pour traiter les cas de représailles. Les Principes directeurs de San José énoncent de manière exhaustive et explicite les fonctions des coordonnateurs/rapporteurs : 1) garantir la cohérence à l’échelle du système des organes conventionnels ; 2) recevoir et évaluer les allégations d’actes d’intimidation ; 3) déterminer la marche à suivre ; 4) faire partie d’un réseau de coordonnateurs et de rapporteurs sur les représailles pour partager des informations, faciliter la mise en œuvre de mesures d’appui et harmoniser les approches ; et 5) recueillir des informations sur les bonnes pratiques.

La plupart des organes conventionnels ont adopté les Principes directeurs de San José et traitent les cas d’intimidation et de représailles dans ce cadre. En outre, le Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes (CEDAW), le Comité des disparitions forcées (CED), le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale (CERD), le Sous-comité pour la prévention de la torture et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants ou de sanctions (SPT), le Comité contre la torture (CAT), le Comité des droits des personnes handicapées (CRPD) et le Comité pour la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille (CMW) ont des lignes directrices ou des informations sur la manière de signaler les représailles publiées sur leurs pages Web.

Comment les organes conventionnels traitent-ils les cas d’intimidation et de représailles?

Les organes conventionnels réagissent différemment face aux allégations d’intimidation et de représailles. Certains mènent des actions à la fois confidentielles et publiques, telles que des réunions avec les missions permanentes, l’envoi de communications aux États, la présentation du cas auprès des procédures spéciales des Nations Unies et à la Haute-Commissaire, et la présentation d’observations finales, de communiqués de presse et de rapports au Conseil des droits de l’homme et à l’Assemblée générale, ou lors de leurs dialogues avec les pays. Toutes ces options sont soigneusement examinées au cas par cas, avec le consentement libre et éclairé des personnes concernées et dans le respect des principes de « ne pas nuire », de confidentialité, de sûreté et de sécurité.

Les Principes directeurs de San José énoncent également des mesures préventives, notamment des mesures spécifiques telles que l’autorisation de communications confidentielles émanant de particuliers et de groupes, la tenue de réunions privées avec les parties prenantes et le rappel aux États parties de leur obligation de prévenir et de s’abstenir de tout acte d’intimidation ou de représailles contre ceux qui coopèrent avec les organes conventionnels. Les initiatives de sensibilisation sont un autre moyen pour les organes conventionnels de réaffirmer l’importance de la coopération avec toutes les parties prenantes et de diffuser des informations sur les Principes directeurs de San José.

Comment signaler un acte d’intimidation ou de représailles à l’égard d’un individu ou d’un groupe qui a été en communication ou a coopéré avec un organe conventionnel, ou qui souhaite le faire ?

Il est possible de signaler des allégations d’intimidation et de représailles à l’organe conventionnel pertinent par le biais du coordonnateur ou du rapporteur en écrivant à l’adresse correspondante fournie ci-dessous.

Organe conventionnelRapporteur/CoordonnateurCourriel
Comité des droits de l’hommeHernán QUEZADA CABRERA[email protected]
Comité des droits économiques, sociaux et culturelsBureau du CESCR[email protected]
Comité contre la torture
(articles 13, 19, 20 et 22 de la Convention)
Ana RACU[email protected]
Comité pour l’élimination de la discrimination racialeBakari Sidiki DIABY[email protected]
Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmesGenoveva TISHEVA
Yamila González FERRER (suppléante)
[email protected]
Sous-Comité pour la prévention de la tortureAnica TOMSIC[email protected]
Comité des droits de l’enfantRinchen CHOPHEL [email protected]
Comité pour la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur familleMyriam POUSSI[email protected]
Comité des droits des personnes handicapéesRosemary KAYESS 
Comité des disparitions forcéesMilica KOLAKOVIC-BOJOVIC[email protected]

Veuillez inclure les informations suivantes lorsque vous signalez un cas de représailles à un organe conventionnel.

  • Décrivez ce qu’il s’est passé, à qui, où, et quand.
  • Expliquez la communication/l’interaction entre la victime présumée et l’organe conventionnel en question, ainsi que le contexte général si nécessaire (historique de prise de contact, précédents incidents, etc.)
  • Décrivez l’auteur présumé.
  • Indiquez si la situation ou l’incident a été porté à l’attention des autorités nationales/locales (police ou autre) et si non, pourquoi.
  • Indiquez si le cas est présenté auprès de l’organe conventionnel pour que ce dernier y donne suite, ou pour seulement pour information.
  • Obtenez l’accord de la ou des victimes présumées et indiquez dans la soumission que ces personnes sont conscientes que les informations fournies sont partagées avec l’organe conventionnel avec leur accord, et qu’elles en comprennent les implications, en particulier si des suites doivent être données.

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